Référentiel : ce terme, utilisé dans plusieurs domaines de connaissance, peut être défini par une base minimum commune, comme un élément ou un ensemble d’éléments constituant un groupe, un type, une catégorie, un genre, qui implique des conditions d’appartenance d’un objet, d’un signe, d’une structure à cet ensemble.
Dans la méthodologie des sciences sociales, le référentiel sera l’ensemble auquel les catégories d’analyse du contenu d’un discours, ou l’orientation du questionnaire doivent correspondre à ce que l’on cherche. En physique, le terme « référentiel » est utilisé par L. de Broglie comme notion déterminant un cadre ou un système de références. Sur un plan épistémologique, la notion psychologique de « référentiel » est liée à la psychologie génétique de J. Piaget et s’y définit comme un système composé d’un ou plusieurs référents et d’une capacité de mise en relations permettant de situer un être ou un objet dans l’espace. En évaluation, le référentiel est un ensemble constitué d’éléments qui permettent de donner un sens à l’information traitée, sous la forme de référents explicites ou implicites, locaux ou généraux.
Ce terme est aujourd’hui fréquemment employé dans les milieux de la formation et de l’éducation sous les formes et dans les acceptions suivantes :
- un champ scientifique, cadre ou système de références par rapport auquel l’explication d’un phénomène observé va être fournie (Ardoino, J. ; Berger, G., 1989 , D’une évaluation en miettes à une évaluation en actes, ANDSHA, Matrice). Le référentiel est un « système de références, constituant une optique, un type de lecture, une perspective d’analyse privilégiés » ;
- un « catalogue d’objectifs hiérarchisés dans le système des unités capitalisables » (Nunziati, G., 1987 : « Pour construire un dispositif d’évaluation formatrice », dans Cahiers pédagogiques, n° 280) ;
- un « ensemble des normes de l’évaluateur » (ibid.) ;
- l’ « ensemble des outils qui permettent de conduire des tâches d’analyse et de synthèse [...] avec les modèles de références qui le sous-tendent » (ibid.).
Dans le cadre de cet ouvrage, nous définirons le référentiel comme l’ensemble des éléments connus (implicites ou explicites) auxquels renvoient les critères qui permettent de porter un jugement sur un objet concret, symbolique ou conceptuel. Ces éléments connus pouvant être une(des) théorie(s), un(des) domaine(s) de connaissance épistémologiquement déterminé(s), des échelles (de valeurs, de classement, de catégorisation), des ensembles articulés d’objectifs, de buts et de finalités. Comme le montre G. Figari (1994, Évaluer : quel référentiel ?, De Boeck, Bruxelles), toute activité évaluative fonctionne par rapport à un référentiel (groupe de référents, implicites ou explicites, locaux ou généraux). On considérera donc le référentiel comme un ensemble d’éléments comparatifs sur lesquels s’organise l’argumentation, qui justifie la mesure et l’appréciation dans le processus d’évaluation.
(Patrick Chardenet, partie C, 15) |