LVM signifie Logical Volume Manager, c'est-à-dire Gestionnaire de Volumes Logiques.
Pour (trop) résumer en une phrase : LVM permet de créer des « partitions virtuelles » (volumes logiques) qui peuvent s'étendre sur plusieurs disques, être agrandies « à chaud », etc.
La gestion par volumes logiques permet une gestion de plus haut niveau des problèmes de stockage sur disque par rapport à l'approche traditionnelle avec des disques et des partitions. Cela apporte à l'administrateur système une bien meilleure flexibilité pour allouer de l'espace aux applications et aux utilisateurs.
LVM est une architecture à trois niveaux :
- volumes physiques : les disques et les partitions qui seront utilisés par le système LVM
- groupes de volumes : ensemble de volumes physiques. On aime bien par exemple créer un groupe pour tout ce qui est IDE et un autre pour tout ce qui est SCSI. On peut voir cela comme des « disques virtuels ».
- volumes logiques : les partitions qui sont présentées au système, et utilisables directement. Ces partitions sont des morceaux de groupes de volume. On peut voir cela comme des « partitions virtuelles ».
Qu'est-ce que ça apporte concrètement ? Plus de souplesse et moins de contraintes dans la gestion du partitionnement.
La suite de cette page est un aperçu des possibilités, qui ne dispense pas de lire la documentation : page de man lvm et sites web indiqués ci-dessous :
une excellente introduction : http://fr.wikipedia.org/wiki/LVM
Un tutoriel simple : http://sluce.developpez.com/lvm/
Un peu plus fouilli : http://www.lea-linux.org/documentations/index.php/Leapro-pro_sys-lvm
Le système derrière tout ça : http://sources.redhat.com/lvm2/
Les principales commandes
Consulter les man pour une description détaillée de tous les paramètres de chaque commande : ils sont très bien faits. Voir également man lvm.
Volumes physiques
pvcreate pour initialiser un volume physique, afin de pouvoir l'ajouter à un groupe :
pvcreate /dev/hdc pour dire que le disque hdc entier sera utilisé comme un volume physique
pvcreate /dev/sda2 pour dire que la partition sda2 sera utilisée comme un volume physique (sda2 doit être du type Linux LVM pour un fonctionnement automatisé)
pvs pour afficher un résumé sur les volumes physiques disponibles et pvdisplay pour les détails
Groupes de volumes (les « disques virtuels »)
vgcreate pour créer des groupes à partir de volumes physiques
vgcreate donnees /dev/sda2 /dev/sdb1 : créer un groupe donnees contenant les partitions sda2 et sdb1
vgextend pour ajouter un nouveau volume physique à un groupe
vgextend donnees /dev/sdc : ajoute le disque sdc au groupe donnees
vgs pour afficher un résumé sur les groupes de volumes disponibles et vgdisplay pour les détails
Volumes logiques (les « partitions virtuelles »)
note préliminaire importante : pour l'instant grub ne peut pas démarrer sur un volume logique. Il faut donc prévoir de laisser le /boot sur une partition non LVM.
lvcreate pour créer un volume logique, c'est à dire une partition utilisable par le système, dans un des groupes de volumes
lvcreate -n web -L 10G donnees crée un volume /dev/donnees/web de 10 Go puisés dans le groupe donnees. Cette partition sera utilisable de façon habituelle :
mkfs -t ext3 /dev/donnees/web # formatage de la partition en ext3 mkdir /srv/web # création du point de montage mount /dev/donnees/web /srv/web # montage de la partition... (à ajouter dans /etc/fstab ensuite)
lvs pour afficher un résumé sur les volumes logiques disponibles et lvdisplay pour les détails
Changer la taille d'un volume logique
C'est le point fort de LVM : on peut changer « à chaud » la taille d'une « partition », alors que le système fonctionne en production.
Agrandir
La commande lvextend permet d'augmenter la taille d'un volume logique.
Exemple : lvextend -L +2G /dev/donnees/exemple
Où donnees est le nom du groupe de volumes (VG) et exemple le nom du volume logique (LV) dans ce groupe.
Attention, cela n'augmente que la taille de la partition ! Il faut ensuite ajuster le système de fichier, avec resize2fs ou resize_reiserfs, suivant les cas.
Attention, le resize2fs livré en standard (hors backports) avec Debian Sarge ne peut ajuster que la taille d'une partition non montée. Il est temps de migrer en Debian Etch !
Diminuer
Avec lvreduce, opération inverse de lvextend. Attention, procéder d'abord à la réduction de taille du système de fichiers avec les commandes resizexxx avant de diminuer la taille de la partition elle-même. En général cette opération ne peut pas être réalisée « à chaud », il faut d'abord démonter la partition, et donc souvent arrêter les services de la machine qui utilisent la partition. Voici un exemple simple pour une partition /home non utilisée par un processus en exécution dont on veut ramener la taille à 5G:
# umount /home # e2fsck -f /dev/system/home ;; on fixe d'abord la taille du système de fichier à une valeur inférieure à la valeur cible # resize2fs -p /dev/system/home 4G ;; lvresize ou lvreduce! non? # lvresize -L 5G /dev/systeme/home ;; on redimensionne pour prendre tout l'espace possible, soit 5G. # resizefs /dev/systeme/home # mount /home
Retirer un disque
Autre point fort : on peut retirer un disque jugé défectueux afin de le remplacer avant la panne définitive. Le premier qui a du temps écrit comment ici.
Les snapshots
Cela permet de créer une copie d'une partition en cours d'utilisation, en utilisant très peu d'espace supplémentaire (mais ça peut monter à 20% de la taille d'origine tout de même) : seulement un nombre de blocs proportionnel aux modifications faites sur la partition en cours d'utilisation à partir du moment de la création de l'image. On utilise pour cela la commande lvcreate --snapshot .... Pour pouvoir faire des snapshots, il faut que le module dm-snapshot soit chargé au préalable dans le noyau.
Quelques utilisations intéressantes :
- les sauvegardes... quoique, sauvegarder des systèmes de fichiers n'est pas forcément une bonne méthode.
- faire plusieurs serveurs quasi-identiques (par exemple des mini-serveurs web) à partir de snapshot d'un modèle
- capturer l'état d'un système à un moment donné, par exemple juste avant une mise à jour critique ou la migration vers la nouvelle version majeure d'un logiciel ou encore du système entier
Crash système
Question posée sur la liste tech@ : si j'ai un disque partitionné avec LVM, pourrai-je accéder à son contenu en utilisant un live CD ?
Réponse de JCA : Une partie de l'intelligence de la technique LVM se trouve dans le fait qu'elle enregistre ses informations dans les volumes eux-même. Il suffit donc que le LiveCD possède les outils LVM [par exemple un live CD ubuntu] pour pouvoir facilement accéder aux volumes sur le disque.
En revanche, il faudra déclencher manuellement la détection et l'activation normalement faite automatiquement au moment du démarrage de la machine (dans le "initrd") en utilisant les commandes "vgscan" et "vgchange -a y".