<> Cette page présente une façon de configurer [[Postfix]] afin d'y activer l'authentification des connexions via SASL. = A quoi ça sert ? = L'authentification permet de connaître précisément l'utilisateur qui demande l'accès au services offerts. Cela permet alors de donner des droits supplémentaires pour à ces utilisateurs authentifiés, droits qu'on ne donnerait pas forcément à des utilisateurs quelconques (anonymes). Le standard SASL ajoute un dialogue entre le client et le serveur pour choisir la méthode d'authentification à utiliser, ce qui autorise plus de souplesse qu'avec une simple authentification par un certificat TLS/SSL. Un exemple d'utilisation concrète est de pouvoir offrir un service qui permet à tous vos utilisateurs d'envoyer des messages via votre serveur, même s'ils sont en dehors de votre réseau local. Normalement, puisque nos serveurs ne sont pas ouverts au relayage, ce n'est pas possible : on active donc un système qui permet aux utilisateurs de s'authentifier sur le serveur. Une fois qu'ils seront authentifiés avec leur nom d'utilisateur et leur mot de passe, on leur permet d'utiliser le serveur pour envoyer des messages à n'importe qui. = Pré-requis IMPORTANT : chiffrement des communications en TLS = Afin de pouvoir s'authentifier en toute sécurité, il est très fortement conseillé d'activer le [[../Chiffrement|chiffrement TLS]] des connexions SMTP. C'est même '''indispensable''' pour la configuration présentée ici, car on y utilise le mécanisme `PLAIN` qui consiste à transmettre le mot de passe en clair lors de l'authentification. Ceci est souvent nécessaire pour les mécanismes sous-jacents, qui doivent recevoir le mot de passe « tel quel » afin de le crypter avec leur propre algorithme. = La méthode préférée = Cette méthode est valable à partir de Postfix version 2.3 == Principe de ce que nous allons mettre en place == Voici la chaîne d'authentification que nous allons installer : {{attachment:SMTP_Auth.png}} Lors d'une demande d'authentification : 1. Postfix reçoit un login et un mot de passe 1. Il passe à dovecot. 1. Ce démon est configuré pour intérroger la base MySQL afin de vérifier le login + mot de passe reçu. 1. Si la requête renvoie un résultat, c'est que c'est bon. La réponse (1 ou 0, oui ou non) "remonte" la chaîne jusqu'à Postfix. == Configuration postfix et dovecot == On suppose que Postfix et Dovecot sont déjà installés Le fichier /etc/dovecot/dovecot.conf {{{ auth default { socket listen { client { # Assuming the default Postfix $queue_directory setting path = /var/spool/postfix/private/auth mode = 0660 # Assuming the default Postfix user and group user = postfix group = postfix } } } }}} Le fichier /etc/postfix/main.cf {{{ smtpd_sasl_auth_enable = yes smtpd_sasl_type = dovecot smtpd_sasl_path = private/auth smtpd_recipient_restrictions = permit_mynetworks, permit_sasl_authenticated, reject_unauth_destination }}} Attn: avec l'option permit_mynetworks, les machines qui sont listées dans mynetworks= n'ont pas besoin d'authentifier pour envoyer des mails. Pour tester il faut obliger l'option d'authentification dans Thunderbird = La 2eme méthode = Cette méthode est obsolète, mais on la conserve car il peut y avoir des cas où ce sera utile (un postfix avec authentification, mais sans boîtes aux lettres donc sans dovecot) == Principe de ce que nous allons mettre en place == Voici la chaîne d'authentification que nous allons installer : . {{attachment:postfix-sasl-pam-mysql.png}} Lors d'une demande d'authentification : 1. Postfix reçoit un login et un mot de passe 1. Il passe par sa composante SASL. Celle-ci interroge un démon `saslauthd`. 1. Ce démon est configuré pour demander au système PAM 1. PAM utilise le module `pam_mysql.so` qui effecture une requête SQL afin de vérifier le login + mot de passe reçu. 1. Si la requête renvoie un (et un seul) résultat, c'est que c'est bon. La réponse (1 ou 0, oui ou non) "remonte" la chaîne jusqu'à Postfix. 1. Ouf ! Et tout cela sans serveur Radius ! ;) == Installation des outils == On suppose que Postfix et MySQL sont déjà présents. Il faut installer les modules SASL et les programmes nécessaires (dont le démon d'authentification `saslauthd`) : {{{ # aptitude install libsasl2-modules sasl2-bin }}} On installe aussi le module de PAM qui permet d'interroger une base MySQL : {{{ # aptitude install libpam-mysql }}} == Configuration du démon d'authentification saslauthd == Ce démon sera interrogé par les systèmes qui veulent faire de l'authentification. C'est lui qui saura quel module contacter. La configuration se fait dans `/etc/default/saslauthd` : {{{ # extrait de /etc/default/saslauthd : START=yes # le mécanisme à utiliser (PAM est sans doute le plus générique) MECHANISMS="pam" MECH_OPTIONS="" # 5 processus en parallèle, ça suffit : THREADS=5 # Très important pour Postfix : (lire "man saslauthd") # option -m : pour Postfix, qui tourne en chroot # option -r : construit un identifiant prenom.nom@domain OPTIONS="-r -m /var/spool/postfix/var/run/saslauthd" }}} Il faut ensuite rendre le service d'authentification disponible depuis l'environnement ''chroot'' de Postfix : {{{ # invoke-rc.d saslauthd start # start/stop : astuce pour créer le répertoire /var/run/salsauthd # invoke-rc.d saslauthd stop # mkdir -p /var/spool/postfix/var/run # mv /var/run/saslauthd /var/spool/postfix/var/run/ # ln -s /var/spool/postfix/var/run/saslauthd /var/run/ # adduser postfix sasl # ajoute postfix au groupe sasl (faire "id postfix" pour vérifier) # invoke-rc.d saslauthd start }}} == Configuration de PAM pour utiliser MySQL == Nous avons dit à `saslauthd` d'utiliser PAM (Pluggable Authentication Modules). Il faut donc configurer PAM pour lui dire d'aller chercher les informations d'authentification dans MySQL. On installe le module de PAM qui permet d'interroger une base MySQL : {{{ # aptitude install libpam-mysql}}} Et on configure PAM pour lui dire d'utiliser ce module pour le service ``smtp`` (fichier `/etc/pam.d/smtp`) : {{{ # fichier /etc/pam.d/smtp # attention, c'est sur deux lignes seulement (votre navigateur les coupe certainement) : auth required pam_mysql.so user=messagerie passwd=vousrevez host=127.0.0.1 db=mail table=utilisateurs usercolumn=source passwdcolumn=password crypt=1 account sufficient pam_mysql.so user=messagerie passwd=vousrevez host=127.0.0.1 db=mail table=utilisateurs usercolumn=source passwdcolumn=password crypt=1 }}} Dans cet exemple, nous avons un serveur MySQL local (127.0.0.1), avec une base ''mail'' qui contient une table ''adresses'' dans laquelle on trouve les colonnes ''source'' (le login, de type `prenom.nom``@auf.``org`) et ''password''. Pour plus d'information, la documentation d'utilisation du module PAM est dans `/usr/share/doc/libpam-mysql/README.gz` Note : pour que l'authentification soit validée, la requête SQL ne doit renvoyer '''une seule''' ligne de résultat. Dans tous les autres cas, `pam_mysql.so` considère que l'authentification a échoué. C'est bon à savoir quand on a des tables un petit peu plus complexes que des simples couples login/password. == Configuration de l'authentification SASL de Postfix == SASL est prêt, on va maintenant demander à Postfix de l'utiliser. On précise le système d'authentification de SASL dans `/etc/postfix/sasl/smtpd.conf`. Dans notre cas, on passe par `saslauthd` : {{{ # dans /etc/postfix/sasl/smtpd.conf : pwcheck_method: saslauthd mech_list: PLAIN LOGIN ANONYMOUS log_level: 7 }}} Ensuite on active le système SASL au niveau de `/etc/postfix/main.cf` : {{{ # activation de l'authentification : smtpd_sasl_auth_enable = yes # modifiez votre option smtpd_recipient_restrictions pour y ajouter une permission # au niveau SASL : les clients authentifiés pourront utiliser le serveur pour envoyer # des messages à qui il veulent (pas de restrictions sur les "recipients") : # smtpd_recipient_restrictions = (...), permit_sasl_authenticated, reject_unauth_destination # Sur une configuration classique, cela sera : smtpd_recipient_restrictions = permit_mynetworks, permit_sasl_authenticated, reject_unauth_destination # IMPORTANT : n'offrir la possibilité de s'authentifier *que* si le canal # est sécurisé via TLS (il faut donc aussi activer TLS) # voir http://wiki.auf.org/wikiteki/Postfix/Chiffrement smtpd_tls_auth_only = yes }}} Il faut ensuite redémarrer Postfix : {{{ # invoke-rc.d postfix restart }}} ||<#ffa000> L'authentification doit fonctionner à partir de ce moment là. || == Erreurs classiques == * `no SASL authentication mechanisms` Vérifiez que les mécanismes d'authentification du client, de `postfix` (option `smtpd_sasl_security_options`) et de `saslauthd` sont compatibles. En particulier vérifiez que vous n'avez pas mis à la fois `mech_list: PLAIN` et `smtpd_sasl_security_options = noplaintext`. * `Sender address rejected: not logged in` Vous avez bien mis une ligne pour votre adél dans le fichier `sender_login`, mais vous avez sans doute oublié d'activer l'authentification SMTP du coté client. Autre cas possible : vous utilisez un filtre de contenu et votre message passe alors deux fois par postfix, la première fois avec authentification et la seconde fois sans (puisque c'est le logiciel de filtrage qui le renvoie). Dans ce cas il faut s'assurer que le fitrage puisse faire son renvoi sans blocage en l'autorisant avant la vérification du login. Par exemple : `smtpd_sender_restrictions = permit_mynetworks, reject_sender_login_mismatch, permit`. * `SASL PLAIN authentication failed` Si vous ne vous êtes pas trompé de mot de passe, c'est sans doute qu'il y a un problème avec le service d'authentification, par exemple avec `saslauthd`. Dans ce cas, pensez à vérifier `/var/log/auth.log` pour avoir des détails sur le problème. = Mise en place du port "submission" 587/tcp (RFC 2476) = Les manipulations décrites ci-dessus permettent d'activer une authentification sécurisée sur le port 25/tcp. Or, dans le cadre de la lutte ant-virus et anti-spam, ce port est de plus en plus souvent filtré dans les réseaux, surtout les réseaux publics. Si nous proposons un service sur le port 25/tcp, il risque donc de ne pas être accessible depuis n'importe où... Pour ce faire, on va configurer Postfix pour qu'il sache recevoir des connexions sur le port 587/tcp (submission). On imposera que ces connexions soient chiffrées en TLS et on imposera également une authentification SASL. Nous proposerons ainsi à nos utilisateurs un service leur permettant d'envoyer des mails depuis n'importe quel client de messagerie connecté à Internet (le port 587/tcp n'est pas filtré puisqu'il est censé toujours proposer des services avec authentification, donc pas (trop) de spam ni virus). Cette technique est décrite dans la [[http://www.ietf.org/rfc/rfc2476.txt|RFC 2476]]. Pour activer le service, il suffit de le rajouter dans le fichier `/etc/postfix/master.cf` : {{{ # lignes à ajouter dans /etc/postfix/master.cf : # submission : on ouvre le port 587/tcp sur lequel on impose TLS # et on n'accepte que les clients authentifiés. Cela impose d'avoir # déjà configuré TLS et SASL, bien entendu. # service type private unpriv chroot wakeup maxproc command + args submission inet n - - - - smtpd -o smtpd_tls_security_level=encrypt -o smtpd_client_restrictions=permit_sasl_authenticated,reject }}} Notes : * sur les anciennes versions de Postfix (< 2.3), on indique `smtpd_enforce_tls=yes` au lieu de `smtpd_tls_security_level=encrypt`) * ne pas oublier d'ouvrir le port 587/tcp vers le serveur au niveau du parefeu : c'est un service à ouvrir à tout Internet Ce service est notamment activé sur la messagerie de Montréal, vous trouverez le mode d'emploi côté client ici : MessagerieAufOrg/EnvoiSmtpSortant = Annexes = == Filtrage des envois selon l'adresse de l'expéditeur == Après authentification, Postfix peut vérifier l'adresse utilisée par l'émetteur. Cela peut être utile pour stopper les virus-pourriels (si vous avez encore des clients Outlook et compagnie), éventuellement de limiter les possibilités usurpations. On utilise pour cela la table ''smtpd_sender_login_maps'' qui établit une correspondance entre une adresse et le login correspondant, c'est-à-dire l'utilisateur authentifié qui aura le droit d'utiliser l'adresse. Par exemple on crée un fichier `/etc/postfix/sender_login` : {{{ # /etc/postfix/sender_login # après chaque modif, lancer : postmap /etc/postfix/sender_login jean-christophe.andre@auf.org progfou thomas.noel@auf.org thomas }}} Puis on demande à Postfix de faire une restriction par rapport à cette table : {{{ # extrait de /etc/postfix/main.cf smtpd_sender_login_maps = hash:$config_directory/sender_login smtpd_sender_restrictions = ..., reject_sender_login_mismatch, ... }}} Après cela, l'utilisateur `progfou` ne peut plus utiliser d'adresse d'expédition autre que <>, faute de quoi son envoi sera simplement rejeté, ce avant même d'être mis dans la queue d'envoi. == Filtrage des envois selon utilisateur pour certaines adresses seulement == La restriction ci-dessus est un peu rude : elle impose une vérification de toutes les adresse d'expédition. On peut préférer laisser les utilisateurs authentifiés utiliser notre serveur avec d'autres adresses. (La trace de l'authentifiant sera dans les entêtes des mails, donc on pourra facilement détecter une usurpation éventuelle). En revanche, on veut être sûr que pour les domaines gérés localement (comme @xx.refer.org ou @auf.org), il n'y aura pas d'usurpation. Autrement dit, on veut laisser les utilisateurs envoyer (aprés authentification) des mails depuis des domaines externes (@gmail.com ou @free.fr par exemple) et ne faire la vérification de l'adresse d'expéditeur que pour certaines adresses spécifiques (typiquement les adresses gérées localement). La configuration du {{{smtpd_sender_login_maps}}} reste similaire à celle indiquée ci-dessus, mais s'y ajoute une table listant les adresses pour lesquelles la vérification doit se faire : {{{ # /etc/postfix/adresses_avec_login # Pour chaque des adresses indiquée, on déclare qu'il faut # refuser le mail si l'utilisateur authentifié ne correspond pas # NB : cela implique que l'authentifiant SASL doit être l'adresse mail raymonde.dugenoux@auf.org reject_sender_login_mismatch }}} ou, de manière plus radicale, pour tout un domaine : {{{ # /etc/postfix/adresses_avec_login # Toute adresses du domaine @auf.org ne pourra être l'adresse # de l'expéditeur QUE si le mail est envoyé par l'utilisateur # authentifié auf.org reject_sender_login_mismatch }}} puis dans le main.cf on ajoute une vérification : {{{ smtpd_sender_restrictions = ..., check_sender_access hash:/etc/postfix/adresses_avec_login, ... }}}